Une famille recomposée se compose d’un couple, marié ou non, et d’au moins un enfant issu d’une union précédente. Un modèle de plus en plus courant mais pas toujours si simple à gérer. Malorie, 30 ans, est mariée à Franck, 44 ans et papa de deux enfants nés d’une précédente union. Ensemble, ils ont donné naissance à une petite Jade, âgée de 2 ans. Maman et belle-maman, elle nous raconte son quotidien au sein d’une famille recomposée.
Comment se passe le quotidien de votre famille recomposée ?
Malorie : Il y a des semaines speed et des semaines calmes (rires). Les enfants de Franck (Lola, 16 ans et Maé, 12 ans, ndlr.), on les a une semaine sur deux, ils arrivent le dimanche, ils repartent le dimanche d’après. Donc il y a une semaine où on est 5, une semaine où on est 3. Ce n’est pas le même rythme, évidemment ! Mais dans l’ensemble, ça se passe très bien, chacun a trouvé son rythme, y compris les enfants. Aujourd’hui ils ont grandi et ça ne leur pose pas de problème.
Avez-vous toujours eu ce même rythme ?
Non, avant, Franck avait ses enfants un week-end sur deux uniquement. Depuis l’arrivée de notre petite Jade, ses enfants ont souhaité la mise en place d’une garde alternée avec une semaine chez leur maman, une semaine chez leur papa, pour profiter davantage de leur petite sœur. Ça les embêtait beaucoup, tous les deux, de ne voir leur petite sœur qu’un week-end sur deux. Un changement voulu également par le papa, d’ailleurs. Ce rythme de garde a été mis en place il y a deux ans, à l’arrivée de notre fille. Ça a vraiment été l’élément déclencheur.
Et vous, avez-vous accepté facilement ce nouveau rythme ?
Oui, tout de suite. De toute façon, quand on s’est mis ensemble avec Franck, je savais qu’il y avait les enfants donc c’était soit j’acceptais cette situation – et il faut le faire de bon cœur je pense ! – soit il n’y avait pas d’avenir. J’ai pris le mari, mais ses enfants avec, c’est logique (sourires). Si je n’avais pas eu envie de vivre dans une famille recomposée, l’histoire n’aurait jamais débuté. Mais globalement, ça a toujours été notre discours, à Franck comme à moi, de dire à Lola et Maé qu’ils venaient quand ils voulaient. Si un jour, par exemple, ils veulent rester deux jours de plus, ils le peuvent. Ils ont la chance d’avoir leur papa et leur maman qui habitent très proches : il y à 10 minutes de route entre nos domiciles. Donc c’est très pratique, c’est le même regroupement scolaire, ils ont un bus pour le collège et le lycée depuis les deux maisons.
Quelles difficultés avez-vous pu rencontrer, en tant que famille recomposée ?
Effectivement, tout n’a pas toujours été si simple. Lorsqu’on s’est mis ensemble avec Franck, ça faisait une bonne année qu’il était séparé. Pour la maman, ça n’a pas été facile au début d’accepter que moi je m’occupe de ses enfants, mais je le comprends complètement. Quant aux enfants, il y a eu un peu de jalousie au début, mais c’est normal. Lola avait 9 ans, Maé 5 ans… J’ai entendu des phrases du genre « Non, c’est mon papa » par exemple, mais franchement, globalement, ils ont vite accepté la relation. On n’a pas menti avec Franck, on a amené les choses tranquillement, on n’a pas habité ensemble tout de suite non plus. On a pris notre temps. Les choses se sont mises en place naturellement, au fil de l’eau. Aujourd’hui, ça se passe très bien. Tout le monde arrive à communiquer, à se parler, à échanger.
Avez-vous trouvé votre place facilement en tant que belle-mère ?
J’ai trouvé ma place assez facilement, oui. Je ne fais pas de distinguo entre Lola et Maé – qui ne sont pas mes enfants – et Jade, qui est ma fille. Ce que je tolère pour Jade, je le tolère aussi pour Lola et Maé, j’essaye de ne pas faire de différence. Ça n’a pas toujours été simple, notamment en cas de dispute, ce n’est pas toujours évident de s’imposer. Mais je reste ferme : s’il y a quelque chose, je ne vais pas laisser passer une bêtise sous prétexte que ce ne sont pas mes enfants. Il y en a eu des réflexions au début comme « de toute façon, tu n’es pas ma mère » mais assez naturellement, je leur réponds que oui, c’est vrai, je ne suis pas leur mère, mais qu’ils habitent chez moi et que je suis en droit de les disputer, de leur faire remonter les choses car on vit ensemble, même si je ne suis pas leur mère. Bon, heureusement ils ne sont pas punis tous les jours, ça reste des enfants très gentils… avec leur caractère, mais très gentils ! (rires).
Comment les enfants s’entendent-ils entre eux ?
Avec Jade, ils sont tous les trois collés, ils s’entendent à merveille. Honnêtement, Lola et Maé étaient super contents à l’annonce de l’arrivée de leur petite sœur. Moi, pourtant, j’appréhendais un peu, j’avais un peu peur de leur dire que j’étais enceinte, même si je me doutais bien qu’ils allaient être contents. Depuis qu’elle est née, ils passent leur temps avec elle. Même toute petite, ils ont toujours participé : ils ont changé les couches, donné les biberons. Lola, du haut de ses 16 ans maintenant, garde même parfois sa petite sœur et va la chercher chez la nounou de temps en temps. Avec Maé, son frère, ce sont des parties de foot. Jade pleure de tristesse quand on doit déposer les enfants chez leur maman le dimanche, pendant un quart d’heure à chaque fois. Elle les réclame toute la semaine et quand ils reviennent le dimanche d’après, c’est l’excitation. La petite Jade n’attend que ça, et les grands aussi. Ils ont vraiment une super relation. Puis pour Jade, d’avoir un grand frère et une grande sœur, c’est bénéfique ! Ils ne se chamaillent pas, ils ne se disputent pas, l’écart d’âge est très bien finalement.
Quels conseils donneriez-vous à une famille qui va vivre la même expérience que la vôtre ?
Ce qui a été bénéfique chez nous, c’est de communiquer, parler. Ne pas cacher les choses, ni mentir aux enfants. Dans cette situation, la première crainte de l’enfant – Lola et Maé nous l’ont dit d’ailleurs – c’est de se sentir abandonné, c’est aussi la peur de ne plus compter dès que papa ou maman a une nouvelle compagne, surtout quand il y a un autre enfant qui arrive après. Franck a toujours dit à ses enfants qu’ils étaient sa priorité, même s’il se remettait avec quelqu’un. Pour l’arrivée de Jade, bien sûr, on leur a dit que oui, Jade allait être plus souvent avec papa, mais que papa les aime tous les trois autant, que ça ne change pas. En fait, on parle beaucoup et c’est ce qui fait que ça se passe bien, au niveau des enfants comme de notre couple d’ailleurs.
Aussi, on a toujours sollicité Lola et Maé dans les différentes étapes. Pour la visite de notre maison, ils étaient là. Pendant ma grossesse, ils sont venus à la deuxième échographie. Quand on a su le sexe de Jade, on leur a préparé une petite annonce originale. Pour la chambre de Jade, c’est Maé qui a choisi la couleur de la peinture, tandis que Lola a donné un coup de main sur la déco. Ça leur montre qu’on est une famille. Jade est venue consolider cela.
Comment définiriez-vous vos relations au sein de cette famille recomposée, aujourd’hui ?
Je ne sais pas comment je pourrais définir cela, mais on vit ensemble une semaine sur deux, depuis 6 ans maintenant. J’ai le droit d’aimer les enfants de mon mari, je pense qu’on ne peut pas me le reprocher (sourire). Ce ne sont pas mes enfants, mais il y a un amour naturel. Ça reste néanmoins différent de l’amour que j’éprouve pour mon propre enfant car je ne serai jamais leur mère. Mais quand Lola et Maé sortent ou quand ils sont malades, par exemple, je m’inquiète. Ils font partie de ma vie et de ma famille. C’est notre maison et notre foyer à tous. On a trouvé notre équilibre, aujourd’hui, à travers cette famille recomposée. On est une famille normale, finalement. Tout le monde est heureux.