Le déni de grossesse est un phénomène physiologique souvent tabou et encore énigmatique pour la médecine moderne. Chaque année, on estime qu’il touche entre 1 500 et 3 000 femmes en France. Qu’est-ce qu’un déni de grossesse ? Comment le reconnaître ? Quelles en sont les causes ? Quelles sont les conséquences chez la future maman et son bébé ? Voici tout ce qu’il faut savoir.
Qu’est-ce qu’un déni de grossesse ?
Le déni de grossesse désigne le fait d’être enceinte sans en avoir conscience ni s’en apercevoir. D’un point de vue physique, il n’y a aucune transformation : pas de ventre rond, pas d’aménorrhée (absence de règles) ou encore de seins qui grossissent ou de nausées. La grossesse se déroule à ventre plat, comme si elle n’existait pas et ce, même au-delà des trois mois.
D’après les études épidémiologiques, le déni de grossesse représente en moyenne 1 grossesse sur 500. Cette grossesse, que l’on peut qualifier d’« invisible », peut concerner n’importe quelle femme, de tout âge et de tout milieu social, qu’elle ait déjà eu des enfants ou non.
Il existe deux types de déni de grossesse :
- Le déni de grossesse partiel : dans ce cas, la découverte de la grossesse se fait entre la quatorzième semaine d’aménorrhée (premier trimestre) et le terme de la grossesse. Une fois que la grossesse est reconnue, le corps de la femme enceinte se transforme en quelques heures.
- Le déni de grossesse total : la femme enceinte l’apprend le jour de son accouchement. Cette forme est plus rare.
Quels sont les symptômes d’un déni de grossesse ?
Dans le cas d’un déni de grossesse, rien ne laisse présager à la femme qu’elle est enceinte. Le corps ne présente aucun symptôme typique de la grossesse, si bien que la révélation peut être un véritable cataclysme psychique pour la future maman :
- une absence de nausées et de vomissements ;
- il n’y a aucun retard de règles et les saignements de débuts de grossesse peuvent être confondus avec les règles ;
- pas de prise de poids ni de ventre qui s’arrondit (l’utérus s’allonge le long de la colonne vertébrale et le foetus se place derrière les côtes) ;
- les mouvements du foetus ne se font pas ressentir (ou peuvent être confondus avec de simples troubles digestifs) ;
- pas de fatigue ni de tensions mammaires ;
- pas d’envie fréquente d’uriner.
Qu’est-ce qui provoque un déni de grossesse ?
Le déni de grossesse est catégorisé comme un trouble de la gestation psychique. Plus précisément, il correspond à un mécanisme de défense inconscient du cerveau à l’encontre d’un traumatisme ou d’une angoisse.
Aucune femme n’est plus encline qu’une autre à faire un déni de grossesse, mais selon les spécialistes, plusieurs facteurs contribuent à augmenter le risque :
- l’ambivalence du désir d’enfant ;
- des conflits intrapsychiques non résolus ;
- le rapport au corps et/ou à la sexualité ;
- des éventuels traumatismes passés ou actuels (agressions sexuelles, viols, perte d’un enfant, contexte familial difficile, etc.) ;
- une stérilité supposée par le corps médical ;
- des grossesses trop rapprochées ;
- des problématiques transgénérationnelles ;
- la pauvreté de la communication des émotions.
Est-il possible de faire un déni de grossesse sous pilule ?
Aucune contraception n’est fiable à 100 %, c’est pourquoi il est tout à fait possible de développer un déni de grossesse si vous utilisez une pilule contraceptive ou un stérilet. Par ailleurs, si la régularité de la pilule n’est pas respectée, ou si le stérilet est mal posé, cela peut en effet induire une grossesse et donc, en conséquence, un déni de grossesse. Vous n’êtes également pas sans savoir que la prise d’une contraception hormonale provoque de « fausses règles », qui peuvent empêcher la femme de détecter le début d’une grossesse.
Peut-on faire un déni de grossesse en y pensant ?
La réponse est non ! Le principe même du déni de grossesse est le fait de ne pas penser une seule seconde à la grossesse alors qu’on est enceinte. Ainsi, le simple fait de vous poser la question démontre que dans votre esprit la grossesse est concevable. Cela ne risque donc pas de vous déclencher un déni de grossesse.
En ce sens, le déni de grossesse est l’exact opposé d’une grossesse nerveuse, état dans lequel une femme est convaincue d’être enceinte et développe de nombreux symptômes et ce, même si on lui donne la preuve du contraire.
Comment identifier un déni de grossesse ?
Si la grossesse est invisible à l’œil nu, une question se pose : comment est-il possible de savoir si l’on fait un déni de grossesse ou non ?
Tout d’abord, sachez qu’un test de grossesse sera toujours positif si la grossesse est en cours, même en cas de déni. Un test sanguin, un examen gynécologique ou une échographie permettent également de lever un déni de grossesse. L’imagerie peut notamment être prescrite en cas de douleurs abdominales.
Lorsque le déni de grossesse est découvert, le corps de la future maman se métamorphose au fil des heures : le ventre s’arrondit et les symptômes commencent à apparaître. La verbalisation est indispensable à la prise de conscience et aux modifications corporelles. Ensuite, une multitude d’examens doit être réalisée pour rattraper le retard des derniers mois passés sous silence et garantir la bonne santé de la maman et de son bébé.
En revanche, dans le cas d’un déni de grossesse total, cela s’annonce plus compliqué. Le plus souvent, ce sont de fortes douleurs abdominales qui poussent la patiente à se présenter aux urgences. La levée du déni correspond alors à l’accouchement. Dans d’autres cas, plus rares, l’accouchement se déroule directement à domicile (0,6 % des cas).
Déni de grossesse : y-a-t-il un risque pour l’enfant ou la maman ?
Le déni de grossesse peut être source de nombreuses souffrances et avoir de graves conséquences pour la mère et l’enfant.
Les risques pour le bébé
Dans l’imaginaire collectif, on a tendance à croire que le déni de grossesse entraîne des retards de croissance chez l’enfant. En réalité, le corps s’adapte au déni. Au lieu de s’installer horizontalement, le fœtus s’installe verticalement, derrière les côtes. Il reste simplement debout au lieu de s’allonger, et dispose ainsi de l’espace nécessaire pour se développer correctement.
Le risque majeur pour le bébé est celui de l’accouchement,qui peut survenir n’importe quand et n’importe où. En effet, la femme enceinte peut potentiellement accoucher seule, sans la présence d’un tiers et connaître des complications (cordon ombilical enroulé autour du cou, souffrance foetale, etc.).
L’enfant est également plus exposé au risque de prématurité, d’un faible poids de naissance ou d’un retard psychomoteur. La future maman n’ayant pas conscience d’être enceinte, elle peut continuer à avoir des comportements à risques. Par exemple, une mauvaise alimentation ou la consommation d’alcool et de tabac peuvent sérieusement affecter le développement du fœtus in utero.
Les risques pour la future maman
L’annonce d’une grossesse bien engagée peut représenter un véritable choc chez la future maman. En conséquence, celle-ci peut développer un blocage l’empêchant de vivre correctement sa grossesse et son post-partum :
- refus de la maternité ;
- culpabilité par rapport à certains comportements pendant la grossesse ;
- difficulté à créer un lien affectif avec son bébé ;
- traumatisme lié aux douleurs de l’accouchement ;
- dépression post-partum.
Que ce soit lors d’un déni complet ou partiel, il ne faut pas sous-estimer les répercussions mentales et physiques liées à cet événement. C’est pourquoi un accompagnement psychologique est fréquemment conseillé pour les femmes ayant fait un déni de grossesse.
